Il faudrait un jour prendre un journal par Piero Cohen-Hadria

Et y reprendre chaque nom de ville, chacune d’entre elles, chacune racontant son histoire, Notre-Dame-des-Landes

c’est l’histoire, du monde, de ceux qui la peuplent et n’y font que vivre, y passer, valise ou cercueil, chapeau

des hommes et des femmes, celles qui passent ou sont passées

Fukushima, Damas, Beyrouth, Moscou, Pékin, Singapour, Melbourne, La Paz et Sucre,

des femmes et des hommes, qui passent, le train qui les emmène, loin de tout, loin du monde, dans leurs rêves

puis aller, marcher droit devant soi la vie, la rue, les passages piétons, le cabas, les courses, le voile, traverser, il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure

la Sicile et la mafia peut-être, le long des îles, regarder le monde qui passe, aller manger

il y avait ce restaurant du largo del Pallaro, tu te souviens, à Rome

les voyages, changer de continent, se retrouver à Paris, le métro, la presse, vite huit heures moins le quart

compter et regarder ses cartes de visite, se souvenir du rendez-vous, tout à l’heure, non loin de là, la Défense, écouter le monde qui bruisse, regarder le monde qui passe

et le temps qui lui aussi, se souvenir des lieux qu’on a côtoyés, se souvenir de ces moments où, les enfants étaient petits, on marchait dans le jardin, et les statues aussi se souviennent, on avait quarante ans, la vie devant soi, le monde nous appartient-il, est-il à nous

plus qu’à eux, ces animaux, parfois je me demande, je suis comme eux, ils sont là, assis, lisent leur journal, leurs documents

attendant ou laissant passer la station, c’était là, on y allait, et tout à coup, le monde est arrivé sur nous, on a plié, on a regardé nos mains, on s’est un peu voûté, ce ne sont que les années qui passent , on voit moins net,

on était assis et le temps s’en est allé, les fleurs les voilà, on les porte on s’en va, le métro nous emporte, le long des tunnels, on appelle on répond, le téléphone, les stations, les gares, la nuit, sombre, il fait beau pourtant, il fait doux, ce soir, mes grands mères, ma mère, les hommes et les femmes avant moi, ceux qui m’ont précédé et qui s’en sont allés, loin peut-être si proches aussi, là, non loin, sur le meuble, une pochette de carton, la photo c’est tout ce qu’il en reste sans doute, quelque chose de virtuel, on attend le soleil avance le long de ce jour aplati, le long des fleuves, les trottoirs, les rues qui descendent, le monde qui bouge, des feuilles de papier, des villes, Sydney, Tripoli, Tunis, Le Caire et Riad, Istanbul et Athènes, Rome, Naples et Gênes, le monde qui tourne, le journal qui se referme, et des fleurs, pour ma tante

Piero Cohen-Hadria / Pendant le Week-end

 

Tiers Livre (http://www.tierslivre.net/) et Scriptopolis (http://www.scriptopolis.fr/) sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Pour ce onzième vase communicant, j’ai la joie d’accueillir un voyage en métro ou ailleurs avec de belles rencontres : des lignes de et entre, les photographies de Piero Cohen-Hadria… Une collection de type humains, comme écrivait Blaise C.  Il publie mon Entre les lignes, il faudrait lire… sur le blog collectif : Pendant le Week-end. Bienvenu Pierre… Silence.
Tous les vases communicants de Novembre 2011 sont ci-dessous. Bonne lecture :
Guillaume Vissac http://www.fuirestunepulsion.net et Quentin http://valetudinaire.net/
Louise Imagine http://louiseimagine.me/#fd0/wordpress et François Bon http://www.tierslivre.net/
Camille Philibert-Rossignol http://camillephi.blogspot.com/ et Florence Noël http://pantarei.hautetfort.com/
Danièle Masson http://jetonslencre.blogspot.com/ et Timor Rocks http://www.ernestotimor.com/irregular/
Amel Zmerli http://surletoit.canalblog.com/ et François Bonneau http://irregulier.blogspot.com/
Maryse Hache http://www.semenoir.typepad.fr et Fiona Reverdy http://www.fionareverdy.com/
Franck Queyraud https://flaneriequotidienne.wordpress.com/ et Piero Cohen-Hadria http://www.pendantleweekend.net/
Juliette Mézenc http://motmaquis.net/spip.php?rubrique5 et Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com
Justine Neubach http://justineneubach.fr et Éric Dubois http://www.ericdubois.net/
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Josée Marcotte http://www.outre-songe.com/ et Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/spip/
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G. Balland http://presquevoix.canalblog.com/ et Dominique Hasselmann http://doha75.wordpress.com/
Ana nb http://sauvageana.blogspot.com/ et Céline Renoux http://lafilledesastres.wordpress.com/
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Jeanne http://www.babelibellus.fr/ et Pierre Ménard http://liminaire.fr/
Julien Pauthe http://julienpauthe.tumblr.com/ et Jean-Baptiste Monat http://lhommesansreseaux.hautetfort.com/
L’autre-je http://lautreje.blogspot.com/ et Jacques Bon http://cafcom.free
David Pontille http://www.scriptopolis.fr/ et Philippe Gargov http://www.pop-up-urbain.com/
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J.W. Chan bis http://2yeux.blog.lemonde.fr/ et Wanatoctoumi http://wanagramme.blog.lemonde.fr/

5 réflexions sur “Il faudrait un jour prendre un journal par Piero Cohen-Hadria

  1. Dans ce journal (plus grand qu’une tablette, la Kindle à seulement 99 euros, grosse pub en ce moment), il y aurait tes photos, il ne serait composé que d’elles et des textes qui les accompagnent, et on imaginerait alors – on revient au virtuel – qu’elles changeraient au fur et à mesure du voyage, seul le titre resterait intangible mais chacun pourrait s’y reconnaître, même ceux qui ferment les yeux assis dans le métro.

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