
Nous ne vivons pas longtemps.
La lisière est un lieu paradoxal : elle est ce lieu pour se rendre invisible. On l’imagine ouverte à tous les yeux, cette lisière. Et pourtant… On y est souvent invisible. Se placer à cet endroit, c’est d’abord une fuite : une fuite choisie. Celle de ne pas vouloir prendre parti. Celle de ne pas vouloir prendre la parole. Trop de choses nous attachent sans que nous le décidions.
La lisière est un lieu paradoxal, qui vous place là, sans que vous ne vous en rendiez compte tout de suite, parce que l’humilité reste pour vous la condition première du respect de la vie dans un monde où ne règne que la démesure humaine. Comment dire autrement ? Trop de certitudes nous entraînent dans des discussions circulaires, donc sans fin puisque tout le temps, il faut mettre des points sur les i et choisir un camp.
Nous ne voyons pas grand-chose, en dehors de ces points sur les i.
Nous en savons encore moins. Je suis, je suis, je suis… overdoses de je suis… Je fuis, je fuis, je fuis… tout ce que je ne veux pas être mais que je suis tout de même… Façons de penser du néolibéralisme : « Je suis un boulon, tu es un boulon… » et jamais on n’arrive à dépasser la pensée dominante.
Les grandes paroles énoncées dans un désert surpeuplé. Des phrases sans verbe parce que nous sommes fatigués d’un certain type d’actions stéréotypées. Trop de je qui nous éloigne de nous. L’éthique et la morale nous encerclent, en vain… La pollution de l’air n’est pas la seule que nous subissons. La pollution prend des formes diverses désormais à partir de la matrice de contrôle des esprits, le smartphone. Qui ne l’est pas du tout, smart.
Une lisière est ce lieu de l’effleurement des mondes qui pourraient s’entrechoquer. La lisière qui termine est dans le même temps, un seuil, un seuil de beauté. De temps en temps, l’art est une lisière, une fuite hors du temps. On y aborde parfois. Rarement, on y demeure.
Rêvons : méthode pour apprendre à voir.
Et si, et si, nous ne gravissions plus les Everest devant nous et nous nous contentions de les regarder ?
Silence / Lisières #5
Merci, c’est un plaisir de vous lire de nouveau. Cordialement, Nathy.
merci