Le bougeoir à la main, l’homme à la cave voit danser les ombres sur la noire muraille. Il remonte vite. Une bouteille à la main. Il sourit. Il est content de retrouver les voix, les rires de ceux qu’il aime, réunis à la table familiale. Il est parti souvent sous la maison à la recherche du temps perdu. Du temps perdu. Même si ce n’était pas toujours la même demeure. L’épaisseur du temps est plus fine que celle d’un trait sur une feuille. La rondeur des jours le ravit et le comble. Il monte plus rarement au grenier. Quand il y va, on pourrait croire à de la nostalgie mais ce serait plutôt de la joie, une joie qu’il appelle, lui, mélancolie. Qui n’est jamais triste. Il se souvient. Il n’en revient jamais indemne. Mais cela le regarde. C’est l’une des rares libertés que personne ne peut remettre en cause. Le grenier, c’est la réalité du temps passé. Une remémoration apaisante. La cave : les peurs ancestrales, inconscientes, cachées. Il ne redescend jamais du grenier avec une bouteille. Mais parfois, avec un souvenir, une vieille lettre, une revue abîmée, une carte postale passée. Il – le ou la – pose sur son bureau. Pour plus tard, quand le calme sera revenu dans la maison, pour les heures solitaires et intérieures.
Silence.