Briévement… des traces… celles de Maurice Audin (lecture)

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Dans ce livre, il est question d’une vie brève. […] celle de mon père, Maurice Audin. […] l’affaire Audin n’est pas le sujet de ce livre.  […]  C’est au contraire de la vie, de sa vie, dont toutes les traces n’ont pas disparu, que j’entends vous parler ici.
 
Une vie brève, donc…
 
Une vérité brève aussi, et brutale : Maurice Audin avait vingt-cinq  en 1957, il a été arrêté au cours de la bataille d’Alger, il a été torturé par l’armée française, il a été tué, on a organisé un simulacre d’évasion et fait disparaître les traces de sa mort, comme l’a établi l’enquête menée par Pierre Vidal-Naquet en 1957-1958.
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Il était mathématicien et au moment de sa mort, à 25 ans, père de trois enfants. Cette photo… une joie de vivre… alors…
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Juste le début du livre. Juste le début du livre pour vous donner le ton. Et l’envie de le lire. Et puis, me taire, par respect :
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Des atomes de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, leur association dans des molécules d’eau, de méthane ou de gaz carbonique, la soupe primitive, des molécules plus complexes, puis des filaments d’ADN, des petites cellules, les rapports sociaux de classes, l’arrivée du métier à tisser Jacquard dans l’atelier des soyeux lyonnais, l’exode rural, l’expansion coloniale, les rencontres attendues, le phylloxera et ses effets collatéraux sur la viticulture algérienne, la guerre de 1914 et ses effets collatéraux sur les mathématiques françaises, la rencontre fortuite, improbable, avec ou sans intervention de Maxwell, d’un ouvrier lyonnais et d’une paysanne algéroise, d’un militaire et d’une femme de chambre, la crise de 1929, des maladies infantiles, le mouvement indépendantiste en Tunisie, le hasard, la nécessité, un peu de tendresse ou un moment d’amour, tout cela s’était conjugué, mélangé, assemblé pour le faire exister, lui, brièvement, vingt-cinq ans et quatre mois, le nombre de jours exact on ne peut même pas le dire, brièvement mais assez pour qu’il ait laissé quelques traces, des traces ténues mais des traces.
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Regarder une dernière fois, son portrait par Ernest Pignon-Ernest. Puis me taire…
Silence
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Une vie Brève / Michèle Audin. – L’arbalète gallimard, 2013. – 182 p.
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